Biographie

Originaire d’une famille venue d’Europe centrale, Luc Romann a connu une enfance et adolescence « ballotées » : « quand les grands se sont fait la guerre, j’ai découvert la campagne » écrira-t-il pudiquement. Il quitte l’école précocement tout en approfondissant son goût pour l’art : musique, poésie, peinture…très jeune il écrit et compose .A Paris, à l’âge de vingt ans, il côtoie Jacques Brel (qui l’encourage), Mouloudji, Guy Béart… Premier disque en 1962. L’année suivante il chante à l’ABC dans le programme de Juliette Gréco, puis à Bobino dans celui de Georges Brassens. Il tourne alors en France et à l’étranger, rencontre Georges Moustaki avec lequel il cosigne quelques chansons, Barbara, est interprété par « Cat et Maxime » (Le Forestier), Pia Colombo, Nicole Croisille…

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S’ensuit une première période de décrochage du « métier » de la chanson. Il disparait du circuit pour y revenir quelques années plus tard comme l’un des artistes « maison » du légendaire cabaret Chez Georges. Il est à cette époque, avec Paco Ibanez, l’un des artistes majeurs de la maison de disques fondée par Moshé-Naïm pour laquelle il enregistre deux disques 30cm. Du premier (3), on entend alors régulièrement sur les ondes Le voleur. Le second, La liberté (4), reçoit le Grand Prix Diapason de la Chanson 1972 (Luc Bérimont). Luc y est entouré par le groupe Mormos au sein duquel figure notamment Jack Treese, musicien qu’il retrouvera régulièrement. De par l’adéquation entre la qualité des chansons et les arrangements musicaux, ces deux publications Moshé-Naïm sont sans doute les disques les plus aboutis de Luc Romann.

Dans la foulée il « chante de villes en villages », spécialement dans le circuit des MJC, café-concerts, soirées cabaret et autres Chant’Appart’ en milieu rural. Il obtient ainsi une belle notoriété dans l’Ouest de la France. Il se produit parallèlement dans les circuits culturels français à l’étranger : Afrique, USA…

Au début des années 70, Luc s’est installé dans le Gers, loin des réseaux professionnels, en pleine nature… Il décroche peu ou prou des « exigences » qu’impose le métier. Un petit réseau d’aficionados aide néanmoins à ce qu’il ne soit pas complètement oublié: parmi eux Fred Hidalgo (Paroles et Musique puis Chorus) qui favorisera la parution d’un nouveau disque en 1983 (5) et Marc Robine (ce dernier reprendra notamment Le temps des chevaux (6) qu’il considérait comme une des plus belles chansons jamais écrites. Quelques chansons de Luc connaîtront un nouvel éclairage avec Tri Yann (Le Mariage insolite de Marie la Bretonne) ou Graeme Allwright (La berceuse, pour le Conte d’Alan Simon Le petit Arthur).

Luc continuera de se produire de temps à autres au cours des années 90 début 2000 , travaillant avec de nouveaux musiciens dont le guitariste Cyril Duclos. Il écrivait toujours, indéfectiblement optimiste, et nombre de ses compositions n’auront jamais bénéficiées de l’enregistrement (il en avait d’ailleurs ‘’oublié’’ un certain nombre !)

Le dernier écho de la voix de Luc, de son vivant, aura été la chanson qu’il a composée pour son ami Jack Treese, qui figure dans le coffret qui vient de paraître en hommage à ce dernier.

Il est bien sûr toujours délicat de vouloir « rendre hommage » à un artiste -devenu un ami- dont l’œuvre nous touche profondément et dont on reste étonné qu’une magnifique poignée des chansons qu’il a composées soient demeurées peu connues ou n’aient jamais été reprises…Celles et ceux qui ont été touchés par l’univers de ses chansons ou ont connu les moments « magiques » que Luc Romann pouvaient installer sur scène certains soirs partageront sans doute la tristesse de ce jour où il nous a quitté.

En écoutant Amours de mes dix ans, une chanson dont Barbara disait qu’elle aurait aimé l’avoir écrite, osons la naïveté d’une formule empruntée : « Luc, c’était chaque jour l’enfance réinventée. »

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